Violences policières aux Philippines

Bref rapport sur la situation concernant les violences policières aux Philippines basé sur l’expérience de terrain des éducateurs et éducatrices de rue.

Depuis des décennies, la Fondation Virlanie travaille dans la banlieue de Manille dans le cadre de son programme Street Based – une unité scolaire mobile. Et pendant des années, l’équipe a entendu plusieurs histoires de mauvais traitements infligés aux enfants des rues par la police. Qu’il s’agisse d’un « agent de police de Paco [un district de Manille] qui a utilisé des enfants de la rue pour commettre des crimes comme le vol » ou d’agents qui utilisent la « force excessive » lorsqu’ils appréhendent des enfants en situations de rue (ESDR). Ces responsables de l’application de la loi « ont tendance à considérer les ESDR comme des délinquants ou des criminels plutôt que comme des victimes ou des enfants à protéger », a ajouté notre équipe dans un article publié en 2021 par le père Shay Cullen, fondateur de la Fondation PREDA. « La police informelle du quartier (barangay tanod) considère les enfants de la rue comme des parasites, des voleurs et des criminels potentiels. Ils les harcèlent, les arrêtent et les emprisonnent dans des centres de détention pour jeunes en attendant leur procès. » Cela en dépit des lois contre la détention illégale et les mauvais traitements infligés aux enfants des rues et des mesures appropriées déjà en place pour mettre ces enfants sous protection.

Le bien-être des enfants de la rue a également été compromis pendant l’administration du président Duterte en raison de la campagne de l’ancien président contre la drogue. En raison de certains préjugés de la police que la plupart des enfants de la rue sont soit des trafiquants de drogue, des utilisateurs, ou sont utilisés par les syndicats du crime pour faire leurs affaires illégales, la vie des ESDR a été mis en plus grand danger. Ils ont été poursuivis en tant que criminels et certains d’entre eux ont été tués sans que la loi ne soit appliquée. L’estimation totale du nombre de décès pendant cette campagne va de 7.000 (selon la police nationale des Philippines) à 20.000 (selon les organisations de défense des droits de l’homme). En 2018, deux adolescents – Carl Arnaiz et Reynaldo de Guzman – ont été torturés et tués par la police, qui n’a été condamnée que quatre ans plus tard. M. Duterte risque maintenant d’être arrêté par la Cour Pénale Internationale (CPI) en raison de nombreux exécutions extrajudiciaires qui ont eu lieu pendant son mandat.

Bien que l’administration actuelle du président Marcos continue ladite guerre contre la drogue, elle est comparativement moins sanglante que la précédente. Jusqu’à présent, le président Marcos Jr. A axé son mandat sur le rassemblement de partenaires étrangers, la stabilité agricole, la défense nationale et la gestion de l’inflation constante. Il a toutefois déclaré pendant sa campagne présidentielle que lui et sa collister, Sara Duterte, feraient pression pour la création d’une « ligne d’assistance » qui sauvera les enfants qui sont dans la rue pendant la pandémie. « La protection des droits et des intérêts des enfants ne devrait jamais être compromise dans quel que soit la situation », a déclaré M. Marcos.

À Manille par exemple, à l’initiative d’ONG partenaires et du Bureau de la protection sociale de la ville, un réseau de porteurs de devoir a été créé, où la police locale les inclus pour qu’ils travaillent main dans la main avec les autres parties prenantes dans le maintien des droits et protection des enfants en situation de rue car Manille était la ville avec le plus de ESDR.

D’autre part, le Conseil pour le bien-être des enfants (CWC) en tant qu’organisme central du gouvernement chargé de la formulation et de l’examen de toutes les lois, le Sous-comité sur la protection et le bien-être des enfants des rues, dont fait partie le Centre de protection des femmes et des enfants de la Police nationale des Philippines (PNP-WCPC), dirigent les politiques, les plans et les activités sur les enfants. Ce Comité comprend les différents organismes gouvernementaux et non gouvernementaux qui travaillent ensemble pour le bien-être des enfants des rues dans le pays.

L’implication de la police dans les différents réseaux et agences travaillant sur la problématique des ESDR va en quelque sorte aligner l’attente générale de fournir une protection aux ESDR qui vont lentement les voir (la police) comme protecteur plutôt que punitif.

Source: