Pratiques innovantes et recommandations des travailleurs sociaux et travailleuses sociales de rue belges et roumain·e·s

PRATIQUES INNOVANTES DES TRAVAILLEUR·EUSE·S SOCIAUX·ALES DE RUE BELGES ET ROUMAIN·E·S

  • Il est important de rester ouvert, d’être capable de s’adapter au contexte et aux besoins du public.
  • Le système des tickets sociaux est un bon système pendant la crise.
  • Un des rôles essentiels des TSR pendant cette crise a été de refaire le lien entre les publics vulnérables et les services sociaux publiques.
  • Le fait de se rencontrer en extérieur rend les rendez-vous moins formels et facilite la conversation et la confidentialité.
  • À Bucarest, la création d’un réseau de soutien entre travailleur·euse·s de 30 associations et les autorités publiques a été bénéfique. Ils·elles ont pu mieux s’informer et se coordonner.
  • Faire plus d’activités collectives en extérieur comme des balades à vélo, du sport en petit groupe, permet de relâcher la pression des jeunes autant que des TSR.
  • Proposer des activités en petit groupe permet une approche différente, un contact différent avec les jeunes.
  • Aller dans les écoles primaires avec des jeux calmes qui apaisent les tensions créées par la pandémie, permet de rester en contact avec les enfants et les jeunes qui ne sortent plus en rue à cause de la pandémie.
  • La pandémie a eu deux effets principaux. Elle a créé de la paranoïa mais elle a aussi laissé le temps de la réflexion nécessaire pour construire un plan d’action pour l’après Covid.
  • Visibiliser nos actions pour être re-connu·e·s en tant qu’expert·e·s dans notre domaine est primordial. La pandémie l’a rappelé. De cette façon les autorités savent qu’elles peuvent faire appel à nos services.
  • Au début, il y a eu une résistance des autorités publiques à répondre aux besoins des personnes vulnérables. Les acteurs de terrain ont fait changer la situation.
  • Inversement, il y a eu une résistance de certaines populations à appliquer les mesures sanitaires. Les autorités ont donc fait appel aux travailleur·euse·s sociaux·ales. Cette collaboration a été fructueuse.
  • La crise nous a permis de faire les premiers pas vers les jeunes et faire attention à entretenir le contact de façon plus structurée qu’en temps normal en appelant plus souvent les jeunes par téléphone et en prévoyant des activités à distance comme des jeux de piste par vidéo.
  • Très difficile pour une partie du public de parler au téléphone. L’idée est donc de se rendre disponible sur les réseaux sociaux des jeunes tels que TikTok ou encore Snapchat.
  • Les jeunes déjà stigmatisé·e·s en temps normal ont également été stigmatisé·e·s pendant la crise.
  • Les jeunes ont également été empêché dans leurs boulots, ils·elles ont tout perdu. AMOS a mis en place un projet pour aider les jeunes à entrer en action, en rendant des services localement, en échange d’un défraiement. Ils·elles ont par exemple livré des colis ou rendu visite à des personnes âgées. De cette façon cela les forme également à l’éco-citoyenneté.
  • L’éducation, y compris l’éducation informelle, est la clé. Investir dans l’éducation résoudrait beaucoup de soucis auxquels nous sommes confronté·e·s maintenant.

Les TSR ont su relever de nombreux défis pour faire face aux situations de terrain auxquelles ils et elles étaient confronté·e·s renouvelant ainsi leurs pratiques grâce à un état d’esprit créatif et une posture empathique envers leurs publics bénéficiaires.

RECOMMANDATIONS DES TRAVAILLEUR·EUSE·S SOCIAUX·ALES DE RUE BELGES ET ROUMAIN·E·S

  • La principale recommandation des TSR est de laisser revivre les jeunes, leur permettre d’aller à l’école, faire du sport, aller au cinéma, bref qu’ils puissent reprendre le cours d’une vie sociale normale. Montrer, aussi, dans les paroles et les actes, un plus d’égards et de considération à l’endroit des populations vulnérables, des laissé·e·s-pour-compte, des exclu·e·s de tous âges.
  • Une bonne communication entre les décideurs politiques et la population, notamment exclue, s’avère primordiale. En Roumanie, à Bucarest du moins, la communication a été prise en charge par la Mairie principale, les organisations ont pu échanger les informations. En Belgique, les pouvoirs limités du gouvernement en affaires courantes, a rendu difficile la prise de décisions.
  • L’éducation, y compris l’éducation informelle, demeure un outil privilégié. Investir dans l’éducation résoudrait beaucoup de soucis auxquels nous sommes confronté·e·s maintenant.
  • Il est important comme TSR de rester disponible, d’être capable de s’adapter au contexte et aux besoins du public, d’être là lorsque le public en a le plus besoin.
  • Investir dans le social pour recréer et garantir le lien par la proximité et l’empathie. Mais aussi en aidant de façon directe les populations affectées. Le système des tickets sociaux, utilisé sur une petite échelle par l’association Salvati Copiii en Roumanie, peut s’avérer utile et payante sur le long terme.
  • Un des rôles essentiels des TSR pendant cette crise a été de faire le lien entre les publics vulnérables et les services sociaux publiques.
  • Les rencontres en extérieur, utilisées à grande échelle durant ces mois de pandémie, ont montré leur utilité en facilitant la proximité, la conversation et la confidence, en laissant tomber les barrières qui peuvent s’instaurer entre les TSR et le public lors des rencontres dans les « bureaux ». Ainsi, mettre sur pied des activités collectives de loisirs en extérieur, comme des balades à vélo, du sport en petit groupe, permet de relâcher la pression des jeunes autant que des TSR. « Récupérer » et conserver la rue est un must.
  • À Bucarest, la création d’un réseau de soutien et d’information entre travailleurs de près de 30 associations et les autorités publiques locales a été bénéfique. Ils·elles ont pu mieux s’informer et se coordonner, grâce notamment au groupe WhatsApp mis sur pied à l’occasion.
  • Aller dans les écoles primaires, en proposant des jeux calmes, qui apaisent les tensions créées par la pandémie, cela permet de rester en contact avec les enfants et les jeunes, et de compenser quelque peu le confinement qu’ils·elles subissent et l’absence dans l’espace public en temps de pandémie.
  • L’impact du travail social de rue sur les publics vulnérables a été visible et conséquent tout au long de cette pandémie. La reconnaissance effective du rôle des TSR par les autorités publiques constitue une priorité et une urgence.
  • Les TSR ont également un rôle important pour porter la voix de leurs publics auprès des décideurs politiques. Ils·elles représentent une interface à double sens, entre le pouvoir politique et le public atteint. Les TSR arrivent à sensibiliser les politiques eu égard aux problématiques des populations vulnérables, des jeunes, des exclu·e·s et des sans voix. Par exemple, les associations roumaines ont réussi à introduire la catégorie des SDF dans la liste des catégories vulnérables, avec les malades chroniques et les 65+. Mais aussi à vaincre les réticences et la méfiance de ces dernier·ère·s à l’égard des politiques publiques telles les mesures sanitaires, le respect des règles, etc… La fonction d’interface et de relai, la fonction de plaidoyer du TSR devrait être renforcée et pérennisée.
  • L’intégration du contact à distance, par téléphone, Messenger, et plus spécifiquement sur les nouveaux réseaux sociaux utilisés avec prédilection par les jeunes tel que TikTok ou Snapchat, est à intégrer dans la boîte à outil du TSR.
  • La disparition de l’économie informelle, du travail au noir, des petits boulots, a démontré la précarité de la situation et la vulnérabilité devant une situation de crise pour bon nombre de jeunes et pour des familles. En Roumanie, celles-ci sont devenues rapidement dépendantes de l’aide externe pour subvenir à des besoins quotidiens. La mise en place d’instruments et de stratégies d’aide matérielle a pris du temps et a souvent été le fruit de l’improvisation. Il faudrait réfléchir et se préparer à l’avance pour mieux faire face à de telles situations. Les exemples de bonnes pratiques ne manquent pas, tels les tickets distribués à Bucarest par Salvati Copiii, la distribution des couches et du lait de croissance pour les familles avec bébés qui vivent dans des squats à Bucarest, ou encore le réseau d’entraide de citoyens bénévoles mis en place par AMOS et le CPAS local, un projet destiné à venir en aide aux jeunes, les encourager à entrer en action, en rendant des services localement, en échange d’un petit défraiement.